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Flanerie-historique-dans-l-ancien-duche-de-Savoie.over-blog.com

Les articles proposent une flanerie historique dans les anciennes terres des ducs de Savoie, c'est à dire l'Ain actuel, les départements de Savoie et de haute Savoie, les Alpes Maritimes, le Piémont et la Suisse romande. L'objectif est de faire coincider l'histoire et le patrimoine existant

Lyon, une ville savoyarde ?

château de Saint Quentin-Fallavier (photo E. Coux)

château de Saint Quentin-Fallavier (photo E. Coux)

L’ambition de la Maison de Savoie pour Lyon et pour Vienne reste dans l’historiographie savoyarde un sujet discret pour plusieurs motifs. Le premier est que l’histoire de Savoie a été surtout écrite par les tenants de l’unité italienne. Ceux-ci devaient montrer que les intérêts et les ambitions de la Maison de Savoie se situaient principalement en Italie. Lyon se situe plutôt à l’opposé géographique de l’Italie par rapport à Chambéry, ce qui est le contraire de leur discours.

 

La deuxième raison est que la Maison de Savoie semblait privilégier l’axe vers les foires de Champagne, donc plutôt la route vers la Bresse par la Cluse des Hôpitaux que la route imposant un coude vers Lyon.

 

Et enfin, Lyon ne représente pas du tout l’image de la Savoie montagnarde et rurale telle que les historiens du XIX e siècle et les brochures touristiques nous plaisent à la présenter. De ce fait, l’ambition de la Maison de Savoie sur Lyon est considérée plutôt comme un épiphénomène assez marginal par ses historiens et donc a été très peu étudié.

 

Pourtant, l’ambition de la Savoie pour Lyon, loin d’être un épiphénomène est au contraire une constante assez longue voir même quelque chose de normal quand on regarde le volume de population d’origine savoyarde dans cette ville. Elle l’est encore plus quand on constate que la ville de Lyon est dans l’aire de la langue arpitane, langue appelée aussi Franco-provençale ou Romande. Et qu’elle est la plus grosse ville de ce parlé. C’est donc là qu’arrivèrent prioritairement les émigrés savoyards, ce qui fait de cette ville le premier lieu de sa diaspora, donc aussi un lieu où s’élaborèrent les idées politiques qui allaient avoir des répercutions dans le duché de Savoie.

 

Mais, elle remet aussi en cause ceux qui ne voit dans les comtes de Savoie que des portiers des Alpes ou des futurs rois d’Italie. Sans voir que ceux-ci faisaient partie d’un royaume de Bourgogne centré sur le Rhône et les villes de Vienne et de Lyon. Donc ces deux villes agissaient aussi comme des aimants pour ceux qui recherchaient plus de pouvoir.

 

Lyon était une ville particulièrement importante pour la Savoie. Déjà chef de province ecclésiastique, elle faisait office de capitale officieuse du royaume de Bourgogne sous l’Empereur Frédéric 1er Barberousse qui nomma en 1157 son archevêque « Exarque du sacré palais de Bourgogne ».

 

royaume de Bourgogne en 1032. Deux siècle après sa frontière occidentale se confondra avec la Saône et le Rhône (carte d'après Laurent Ripart)

royaume de Bourgogne en 1032. Deux siècle après sa frontière occidentale se confondra avec la Saône et le Rhône (carte d'après Laurent Ripart)

C’était aussi un centre économique important même la ville n’a fait que décliner jusqu’à la fin du XVe siècle. C’est les foires de Lyon qui lui donneront l’envergure économique qui se reflète encore de nos jours.. Et la Savoie, au moyen-âge, se trouve dans ses faubourgs : Bêchevellin (actuels 7e, 8e et 3e arrondissement de Lyon), Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Jonage, Venissieu, Feyzin, Décines, Rillieux-la-Pape, une partie de Caluire jusqu’à la Croix-Rousse étaient des villages savoyards.

 

Cela nous amène à réfléchir sur certains évènements qui n’ont que très peu attiré l’attention des historiens du XIX e siècle, comme l’assemblée qu’avaient fait le Dauphin du Viennois et le comte de Savoie en 1314 ; réunion dont le but concernait le devenir du royaume de Bourgogne, appelé aussi royaume d’Arles et de Vienne. D’autant plus qu ‘à cette date, le roi de France venait juste de mettre la main de manière autoritaire sur Lyon (1312) et que l’Empereur Henri VII, sur lequel reposaient de nombreux espoirs était mort (1313). C’est à dire l’enjeu d’un royaume de Bourgogne bien après 1032.

 

Nous allons donc essayer en quelques lignes, de reconstruire chronologiquement les rapports entre la Maison de Savoie avec la ville de Lyon en rapport avec les autres acteurs, Empereurs, Papes, archevêques, Dauphins du Viennois, rois de de France ainsi que sa population. 

Amphithéatre romain des trois gaules à Lyon (photo. E. Coux)

Amphithéatre romain des trois gaules à Lyon (photo. E. Coux)

Romains, Burgondes, et Haut-moyen-âge.

Avant toute chose, permettez moi de suggérer une hypothèse : La ville de Lyon semble avoir été une construction romaine pour concurrencer directement la cité des Allobroges, Vienne. En effet, si la position géographique est idéale, dans la confluence entre la Saône et le Rhône, la proximité avec Vienne est particulièrement surprenante.

 

Pourtant, malgré leur voisinage géographique, les deux grandes cités semblent se tourner le dos. Chacune est un chef-lieu administratif et religieux important. Vienne deviendra la capitale du diocèse romain des 7 provinces alors que Lyon, celui du diocèse des Gaules. Vienne deviendra la primatiale religieuse des 7 provinces alors que Lyon la primatiale des Gaules.

 

La « capitale des Gaules » semble  avoir été construite en réaction de la puissance de la cité de Vienne. Un des indices peut nous être donné par l’antagonisme entre un des premiers grands promoteurs de la ville, l’Empereur Claude et un des plus riches et puissants viennois, le consul Valerius Asiaticus qui mourut dans les jardins de Luculus, condamné à mort par l’Empereur Claude. Il semble en réalité que Valerius Asiaticus ait été une sérieuse menace pour ravir le trône de l’Empereur .

 

Le pouvoir politique et religieux concentré dans les villes de Vienne et de Lyon était ainsi immense. Les Burgondes au V e siècle allaient réunir ces villes dans leur nouveau royaume. Ils vont pourtant choisir Lyon dès 468 au détriment de Vienne pour en faire leur co-capitale avec Genève et privilégier l’axe Lyon-Genève.

 

Symétriquement au pouvoir laïc, le pouvoir religieux semble lui-aussi s’organiser dès le V e siècle autour de l’axe Lyon-Genève avec le couple d’évêques Eucher pour Lyon et son fils Salonius pour Genève, qui sont à l’origine des moines venant de l’abbaye de Lérins. Eucher est à l’origine d’un des récits sur les martyrs thébains et de Saint Maurice et donc directement lié à la monté en puissance de ce culte dans le royaume de Burgondia.

 

Contrairement au mythe de l’effondrement civilisationnel de la fin de l’Empire romain, Lyon connaît à la fin du V e siècle une nouvelle apogée avec la reconstruction de son groupe cathédrale et la construction d’immenses et luxueuses églises. Les résultats des fouilles archéologiques confirment le récit de Sidoine Appolinaire sur le luxe des constructions. C’est aussi cette époque que datent les principaux monastères influents de Lyon comme ceux de l’Île Barbe, Ainay ou Saint Pierre.

vestige de l'église Sainte Croix qui faisait partie du groupe cathédrale de Lyon (photo E. Coux)

vestige de l'église Sainte Croix qui faisait partie du groupe cathédrale de Lyon (photo E. Coux)

Si Lyon devient une des villes majeurs sous Charlemagne, elle perd pourtant ce rôle sous les rois de Bourgogne bosonides puis rodolphiens qui font de Vienne leur capitale (fin IX e et X e siècle). Elle est néanmoins une ville très importante puisque l’évêque est toujours une personne proche du roi, voir un parent du roi.

 

Les premiers Humbertiens

Mais au début du XI e siècle, l’archevêque de Lyon, Burchard III (1033-1034), est le fils d’Humbert aux Blanches-mains. Il commence sa carrière comme évêque d’Aoste à partir de 1025 jusqu’à sa mutation sur le siège de Lyon en 1033 ou il succède à son oncle Burchard II. Ce dernier était le fils illégitime du roi Conrad le Pacifique.

 

Malheureusement, dans la crise de succession du royaume de Bourgogne, l’archevêque, contrairement à son père Humbert aux blanches mains, prend le parti qui s’oppose à l’Empereur. Ses troupes sont défaites et il doit quitter le siège lyonnais en 1034 contre celui d’abbé de Saint Maurice d’Agaune.

 

L’empereur n’arrive cependant pas à s’imposer dans la ville théâtre de conflit entre le comte du Forez qui veut imposer son fils comme archevêque et les chanoines qui ont un autre candidat.

 

Lyon, une ville savoyarde ?

La réforme grégorienne allait prendre la suite du conflit contre l’empereur et mettre à la tête de Lyon des prélats grégoriens jusqu’à la mise en place de l’archevêque Héraclius de Montboissier. En 1157, Frédéric 1er Hohenstauffen, se mariant avec l’héritière du comté de Bourgogne rassembla une grande diète à Besançon et reprit en main le royaume de Bourgogne. Il se fera couronner à Arles. L’archevêque Héraclius de Montboissier devint exarque du Grand palais du royaume de Bourgogne. Héraclius était un des descendants des fondateurs de l’abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse en Piémont, Hugues de Montboissier.

 

Mais avec les élections d’archevêques d’origines cisterciennes comme Guichard de Pontigny (1165 ou 1167-1180), Jean de Belles-mains (1182-1193), et Raoul de la Roche-Aymon (1235-1236), une grande abbaye savoyarde,l’abbaye d’Hautecombe, allait bénéficier de quelques revenus fiscaux dans cette ville notamment de l’administration de l’Aumône générale de Lyon, établissement destiné aux pèlerins. Une des fonctions de cette institut était l’entretien du pont de la Guillotière. L’archevêque Jean Bellemain en 1182 confia aussi l’hôpital de l’Hôtel Dieu à des cisterciens (mais ce n’était pas encore spécifiquement l’abbaye d’Hautecombe qui le géra). L’abbaye d’Hautecombe allait aussi posséder des églises comme celle de Bron (archiprêtré de Meyzieu). A travers l’abbaye d’Hautecombe, le comte de Savoie allait prendre pied dans la ville.

 

De ce fait, Il allait se constituer dans cette ville, un puissant parti savoyard, aussi bien dans le chapitre que parmi la bourgeoisie. l’élection de Raoul de la Roche-Aymon en 1235 semble avoir été un compromis proposé par le Pape aux deux partis proposant l’un, un neveu de l’ancien archevêque et l’autre, Guillaume de Savoie, fils du comte Thomas 1er

 

Petit à petit, en plus des oppositions entre le Comte de Forez et l’archevêque, entre le chapitre et l’archevêque, et entre la bourgeoisie contre l’archevêque, allait s’ajouter une opposition entre le comte de Savoie et le roi de France qui commençait à repousser les frontières de son royaume vers cette ville.

 

Le comte de Savoie était aussi bien implanté puisqu’il y possédait un pied à Terre dans le quartier Saint Jean, près de la cathédrale et de la Porte de Savoie (aujourd’hui rue d’Estrée et de la Bombarde)

 

abbaye d'Hautecombe (photo E. Coux)

abbaye d'Hautecombe (photo E. Coux)

Si la ville est pour le comte de Savoie à la fois l’aboutissement d’une des routes du col du Mont-Cenis et une des villes les plus importante du royaume de Bourgogne, c’est aussi pour le roi de France, une ville très importante. C’est une tête de Pont permettant de rejoindre la méditerranée, mais aussi la Primatiale des Gaules, une ville étrangère au royaume de France qui possède une supériorité hiérarchique ecclésiastique sur tous la plupart des archevêchés de France dont ceux de Sens et de Tour. Et de tous les évêchés français dépendant l’archevêché Lyonnais.

 

Cette ville était aussi une ville guelfe. Le premier et le second concile de Lyon allaient révéler la dangerosité de laisser une ville comme Lyon au main du Pape. La prise de Lyon sera un objectif concomitant de sa lutte contre le Pape et contre les templiers pour le roi Philippe le Bel.

 

 

L’ambition lyonnaise de la Maison de Savoie entre Thomas et Philippe 1er.

Thomas de Savoie était déjà seigneur de Saint-Symphorien-d’Ozon, une ville entre Vienne et Lyon qui deviendra le siège de la châtellenie la plus occidentale du comté de Savoie. On ne sait pas comment ni quand cette ville est parvenue à la Maison de Savoie. La construction ou reconstruction des remparts au XIII e siècle englobant un vaste périmètre montre l’ambition assez importante que les comtes de Savoie projetaient sur cette ville. Son importance venait du fait qu’elle contrôlait l’axe principal terrestre entre Vienne et Lyon.

abbatiale romane de Saint Martin d'Ainay à Lyon

abbatiale romane de Saint Martin d'Ainay à Lyon

Les liens entre cette ville et Lyon étaient aussi visible au travers de son prieuré Saint Martin qui était une dépendance du puissant monastère d’Ainay. Ainay possédait aussi le prieuré de Lémenc siège de la paroisse de Chambéry que le comte Thomas avait acheté en 1232. Il se peut que les rapports entre la Maison de Savoie et le monastère d’Ainay aient été à cette époque assez étroit.

 

Un peu au Nord de Saint-Symphorien-d’Ozon, sur le territoire de Solaise mais très près de Fézin, l’abbaye d’Hautecombe avait aussi un petit prieuré fortifié, le prieuré des Vignettes, actuel château de Saint-Annin qui est une donation de Thomas 1er de Savoie en 1210. Le prieuré est vendu en 1616.

 

Il se pourrait même que le prénom de Thomas entré dans cette famille avec Thomas 1er ait un rapport avec l’église de Fourvière à Lyon, dont un autel avait été consacré à Saint Thomas Beckett (la collégiale ne fut fondée qu’en 1192). Ce dernier était un champion de la cause du Pape et fut canonisé en 1173 par Alexandre III. Il se peut que l’autel ait été consacré très peu de temps après la canonisation de Saint Thomas. L’église aurait été reconstruite en 1168. Et il se peut que le vocable de Saint Thomas Becket était venue appuyer la légitimité de l’archevêque cistercien Guichard de Pontigny (candidat du Pape) qui a été jusqu’en 1167 en concurrence avec Drondon de beauvoir (candidat de l’Empereur). Nous savons qu’Humbert III avait embrassé la cause guelfe.

La basilque de Fourvière construite en 1870 et juste à gauche, l'ancienne église-collégiale de Fourvière du moyen-âge (photo E. Coux)

La basilque de Fourvière construite en 1870 et juste à gauche, l'ancienne église-collégiale de Fourvière du moyen-âge (photo E. Coux)

Thomas 1er de Savoie entretenait aussi de très bons liens avec les familles proches de Lyon comme les Beaujeu et les Montluel. En 1241, sous Amédée IV, la plus importante famille du Velin, les Chandieu (qui avaient le titre de vicomte de Vienne) prêtaient déjà hommage au comte de Savoie.

 

Un autre fils de Thomas 1er, Pierre, qui est surtout connu pour avoir construit le Pays de Vaud Savoyard, allait aussi augmenter de manière significative les possessions de la Maison de Savoie autour de Vienne et de Lyon avec l’acquisition de plusieurs biens appartenant à la famille de Beauvoir comme Fallavier en 1246, Septème, et Saint-Georges-d’Espéranches en 1251 (avec surtout l’achat de la grange de Péranche à l’abbaye cistercienne de Bonnevaux).

 

Mais c’est le dernier fils de Thomas de Savoie, Philippe de Savoie qui allait donner une réelle ambition à la Savoie et faire de Lyon une de leur ville principale. Il va tous d’abord être élu ou plutôt nommé sur le siège de Lyon en 1246 et le rester jusqu’en 1268

Château de Fallavier (photo E. Coux)

Château de Fallavier (photo E. Coux)

Thomas 1er, Pierre II et les comtes suivants essayeront de contrôler l’axe entre la Maurienne, Chambéry et Lyon, l’ex actuelle Route Nationale 6. Ils possédaient déjà le Pont-de-Beauvoisin, Saint-Genix-sur-Guiers, Aoste et les Abret. Ils allaient ensuite amener sous leur suzeraineté en 1250, la puissante seigneurie de la Tour-du-Pin. La Maison de Savoie possédait aussi le village de Cessieu et va acquérir la châtellenie de Dolomieu.

 

Philippe de Savoie peut être en tant qu’archevêque de Lyon, semble posséder la ville, le château et le mandement de Bourgoin puisqu’il l’inféoda en 1250 à Drodon de Beauvoir. Ce noble est aussi seigneur de Ruy et Saint Alban-de-Roche. Les comtes de Savoie s’attacheront aussi la fidèlité des Bocsozel puissant seigneur de Maubec (près de Bourgoin), des éparres et de Pusignan et du seigneur de Chèzeneuve .

 

De son côté, Pierre II acheta Fallavier à Guillaume de Beauvoir qui l’avait acquit par héritage de sa femme. Il possède aussi la Verpillère. Les comtes de Savoie acquerront la supériorité féodale sur la famille de Chandieu (Saint Pierre de Chandieu) dans le Velin mais aussi auprès d’autres familles. Drondon de Beauvoir fera l’hommage à Philippe de Savoie pour ses biens entre Jonage, Meyzieu, Mions, Ruy, Saint Alban, etc... 

 

Les comtes de Savoie grignoteront ensuite tous les droits entre Saint Priest jusqu’au pont de la Guillotière sur le Rhône qu’ils rattacheront à leur châtellenie de Saint-Symphorien-d’Ozon.

 

Philippe de Savoie en tant qu’archevêque de Lyon et auxiliaire du Pape était alors tout puissant dans la partie centrale du royaume de Bourgogne. Il allait créer autour de cette ville une véritable principauté, mettant au pas les seigneurs adjacents dont le Dauphin du Viennois. Il géra aussi la seigneurie des Bagé en Bresse donnant des chartes de franchise en 1251 aux villes de Bagé, Bourg-en-Bresse et Pont-de-Vaux. 

Reste médiévale de l'abbaye de Saint Pierre de Lyon (photo E. Coux)

Reste médiévale de l'abbaye de Saint Pierre de Lyon (photo E. Coux)

Il devint aussi le seigneur de Saint-Symphorien-d’Ozon en 1255 et il accorda à la ville en 1257 ses chartes de franchises. La Maison de Savoie avait obtenu la supériorité sur le prieuré clunisien voisin de Ternay en 1253 (entre Givors et Saint Symphorien-d’Ozon). Mais c’est après 1268, une fois que Philippe devint comte de Savoie et comte de Bourgogne (Franche-Comté) que l’on voit apparaître un atelier monétaire à Saint-Symphorien-d’Ozon qui fonctionna aussi sous les règnes d’Amédée V et d’Aymon le Pacifique ; atelier monétaire qui marque la volonté d’implantation durable des comtes de Savoie dans cette région. Il construisit aussi à Saint-Georges-d’Espéranche, place stratégique entre Vienne et Lyon, son Palais qui suscitera l’admiration du roi d’Angleterre venu lui rendre visite (Saint-Georges-d'Espéranche deviendra ensuite le chef-lieu de bailliage de la Viennoise savoyarde) .

 

Malheureusement, l’élection d’un nouvel Empereur en 1273 de surcroît de la famille des Habsbourg après plus de 20 ans d’interrègne et la mise en place d’un nouveau concile à Lyon en 1274 semblent avoir ébranlé son pouvoir quasi hégémonique dans la région entre Lyon et Lausanne.

 

Le second concile de Lyon avait eu comme objectif de montrer au nouvel empereur, mais aussi aux rois et aux puissants, la toute puissance du Pape. Celui-ci n’a en effet, jamais été aussi puissant. Cet étalage va surtout faire prendre conscience au roi de France de la dangerosité d’une ville soumise au pape aussi proche de la France. Et Lyon rappelle à tous que c’est lors du premier concile dans cette ville (1244-1251) que le Pape anéanti l’Empereur Frédéric II et toute la lignée des Hohenstauffen. 

Reste du palais de Philippe 1er à Saint Georges d'Espéranche (photo E. Coux)

Reste du palais de Philippe 1er à Saint Georges d'Espéranche (photo E. Coux)

Des ambitions d’Amédée V au traité de Paris (1355).

En 1285, c’est le neveu de Philippe 1er , Amédée V qui hérite ou usurpe le titre de comte de Savoie au détriment de Philippe fils de Thomas III, frère aîné d’Amédée V. L’autre frère d’Amédée V, Louis, qui a reçu des terres dans le Pays de Vaud revendique lui-aussi le titre comtal.

 

Même si sa situation est inconfortable dans le Pays de Vaud et dans le Piémont, Amédée V qui est seigneur de Bresse depuis 1272 par son mariage avec Sybille, héritière des Sires de Bagé est bien implanté autours de Lyon. D’autant plus que son oncle Philippe avait réussit en 1282 à faire entrer l’abbaye d’Ambronay dans la mouvance du comté de Savoie. L’entrée de l’abbaye impliquait aussi d’une certaine manière ses dépendances comme le prieuré d’Heyrieu près de Lyon (cela renforçait la dépendance des familles seigneuriales du lieu comme celle des Chandieu seigneur d’Heyrieu).

 

Mais à cette date, la situation s’était énormément dégradée dans les relations de la Maison de Savoie avec le Dauphin et la famille de la-Tour-du-Pin. En effet cette dernière avait héritée du Dauphiné et comptait donc ne plus faire l’hommage de ses terres de La-Tour-du-Pin et de Bourgoin au comte de Savoie.

 

Commença donc une guerre ouverte entre le Dauphin et le comte de Savoie. C’est aussi à cette date que le passage par la Cluse des Hôpitaux et la plaine de l’Ain commence à devenir une sérieuse alternative à la route entre Chambéry et Lyon par La-Tour-du-Pin. D’autant plus que le passage par la Cluse des Hôpitaux semble être un raccourci pour se rendre aux foires de Champagne.

 

Dans cette guerre, une partie des grands seigneurs du Viennois prirent le parti du Dauphin. La famille de Beauvoir se scinda. Si Aymar de Beauvoir, seigneur de Villeneuve-de-Marc resta dans le parti savoyard, son frère, Drodon de Beauvoir (seigneur aussi de Bourgoin) prit le parti du Dauphin.

 

En 1284 se superposa un conflit entre le duc de Bourgogne et le Dauphin concernant la « manche de Coligny », un territoire très intéressant pour le comte de Savoie de façon à relier ses terres du Bugey avec ses terres de la Bresse. Ce dernier prit le partie du duc de Bourgogne ce qui amena les terres du Revermont à la Savoie en 1289 et à rapprocher la Bresse du Bugey. 

Abbaye d'Ambronay entre Bresse et Bugey (photo E. Coux)

Abbaye d'Ambronay entre Bresse et Bugey (photo E. Coux)

En 1286, le comte de Savoie se déclara protecteur de Lyon. Mais en 1289, il est obligé de céder sa place au roi de France. Ce revirement n’est peut être pas étranger à l’acquisition du Revermont par la Savoie. Le roi de France s’était en effet mêlé de cette affaire en tant que médiateur entre les deux partis. Mais cet échec était probablement aussi lié à la perte du contrôle de la route entre Chambéry et Lyon par la défection du seigneur de la-Tour-du-Pin.

 

Mais le comte de Savoie, loin d’abandonner son ambition sur Lyon, continua avec ténacité son grignotage stratégique. En 1291, Amédée achète la ville de Saint-Jean-de-Bournay renforçant son emprise dans le Viennois. En 1300, il va acquérir Jonage et Azieu (Genas). Il rachète ensuite les droits du sire de Chandieu à sa veuve en 1310 et acquiert, à cette occasion, des paroisses sur la rive gauche du Rhône : Feyzin, Vénissieux, Bron, Grenay, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Bêchevelin (dont fait partie la Guillotière, le 7e , 8e, et le 3e arrondissement), peut être une partie de Saint Priest (l’autre partie dépend des abbayes d’Ainay et de Saint Pierre de Lyon), Saint Bonnet-de-Mure (qu’il perd face au Dauphin avant 1319).

 

Le comte avait donc la moitié du pont de la Guillotière. Ce pont était alors l’unique ouvrage pour traverser le Rhône à Lyon. Les Marchands qui venaient d’Italie et qui avaient suivit grosso-modo l’actuelle RN6 arrivaient à Lyon par la grande Rue de la Guillotière (et l’actuelle avenue des frères Lumière). Ils passaient le Pont et empruntaient ensuite la rue de Confort, puis la rue Mercière sur la presqu’île pour traverser la Saône au niveau de la place d’Albon. 

Rue Mercière qui traverse la presqu'île de Lyon (photo E. Coux)

Rue Mercière qui traverse la presqu'île de Lyon (photo E. Coux)

Ces achats sont concomitants avec la mise en place du doyen du chapitre, Pierre de Savoie, comme archevêque en 1308 (jusqu’en 1332). Pierre est le fils de Thomas III seigneur du Piémont, celui qui conquit définitivement Turin en 1280 et donc le frère de Philippe 1er de Savoie-Achaïe et neveu d’Amédée V.

 

C’est probablement avec l’appui ou à la demande de Pierre de Savoie que l’abbaye d’Hautecombe en 1308 prend le contrôle de l’Hôtel Dieu de Lyon en plus de l’Aumônerie générale et de la gestion du pont de la Guillotière. Cela montre en réalité une offensive du comte de Savoie pour contrôler la ville.

 

Malgré les pressions du roi de france à son encontre, Pierre de Savoie résiste et fomente une révolte avec la population contre ses empiètements. Le roi réplique en 1312 alors par une véritable invasion qui poussera l’archevêque à négocier et à lui abandonner tous ses droits.

 

C’est sûrement dans le bras de fer entre le roi de France et l’archevêque qu’il faut voir le recul de l’abbaye d’Hautecombe qui se dessaisit de la gestion de l’Aumônerie et l’hôtel dieu entre 1314 et 1317, qu’elle confie à l’abbaye de Chassagne et qu’elle prend en charge en 1319 un nouvel hôpital situé dans le quartier de la Guillotière (paroisse de Bêchevelin), donc sur les terres du comte de Savoie.

 

Amédée V ne peut alors pas intervenir. Il s’est rendu à Rome à la suite de l’empereur Henri VII avec tout son ost. Pratiquement tous les vassaux du comte de Savoie proche du Lyonnais sont partis avec le comte de Savoie. Il ne reste donc plus personne pour défendre le prélat de Lyon. La position du comte de Savoie n’est pas évidente. Ghibelin, il a soutenu l’expédition d’Henri VII à Rome au détriment du Pape. Et la mort imprévue de l’Empereur en 1313 l’affaibli encore plus.

Maison forte d'Allinges près du château de Fallavier (photo Emmanuel Coux)

Maison forte d'Allinges près du château de Fallavier (photo Emmanuel Coux)

Malgré une tentative d’entente avec le Dauphin du Viennois en 1314, il ne peut pas faire grand-chose sauf continuer un méticuleux grignotage territoriale autour de Lyon et renforcer ses liens avec les grandes familles nobles.

 

Sauf aussi ramener l’idée d’un royaume de Bourgogne indépendante ou autonome sous la seule suzeraineté impériale. Dans ce cadre évidemment, l’archevêque de Lyon retrouverait une dignité de chancelier du royaume donc son indépendance vis à vis du roi de France. Et l’archevêque est alors Pierre de Savoie (1308-1332). Mais l’Empereur Louis de Bavière n’est pas Henri VII et ne fait pas l’unanimité.

 

C’est à cet époque qu’Amédée V achète aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, la Maison du temple à Lyon qu’ils avaient reçu suite à la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312. Cette Maison deviendra l’Hôtel de Savoie (c’est l’actuel rue de Savoie).

 

L’archevêque tentera et réussira à reprendre certains droits et obtiendra un compromis. Il accordera aux habitants de Lyon, en 1320, une charte de Franchise appelée Charte savoisine.

 

Cette alliance avec la bourgeoisie se retrouve aussi sur le plan religieux. L’archevêque Pierre de Savoie consacra l’église des franciscains de Lyon voulu par le comte Edouard de Savoie. Il approuva aussi celle des Clarisses de Chazeaux (Chazottes) en 1322 . Cette politique pro-franciscaine était aussi logique pour cet archevêque dont la famille était très liée aux franciscains. La nécropole des princes d’Achaïe était alors le couvent franciscain de Pignerol fondé avec l’aide de Thomas II de Savoie.

 

Le comte de Savoie poursuivra surtout son action en Bresse et dans le Bugey pour acquérir la Plaine de l’Ain. La route qui passe par la Cluse des Hôpitaux et en Bresse était un raccourci par rapport à Lyon pour les marchands se rendant aux foires de Champagne. En 1321, il emporta la forteresse de Saint-Germain à Ambérieu-en-Bugey qui contrôlait l’entrée de la Cluse. En 1334, le traité de Chapareillan sanctionna l’entrée de toutes les terres au Nord de l’Albarine au comte de Savoie favorisant la route de la Bresse et du Bugey au détriment de celle de Lyon. 

Eglise des Cordeliers de Lyon, la façade a été refaite au XXe siècle (photo E. Coux)

Eglise des Cordeliers de Lyon, la façade a été refaite au XXe siècle (photo E. Coux)

Du traité de 1355 à l’apogée des foires de Lyon

Même si le passage du Dauphiné à la France en 1349 est une grande perte, et que le traité de 1355 sanctionna la perte des bailliages du Viennois et d’une partie de la Novalaise, il donna néanmoins au comte de Savoie toute la rive Nord du Rhône, Montluel, Miribel, Pérouges, Chazey-sur-Ain, Loyette et Gourdans et ouvra des droits sur le Franc-lyonnais. Surtout, il permettait de renforcer le contrôle de la route du Bugey et de la Bresse par l’hommage de la famille des Thoire-et-Villars. Amédée VI fonda dans la ville de Bourg-en-Bresse, un couvent de franciscains, ce qui semble valider la politique viaire de la Maison de Savoie sur l’axe Mont-Cenis/foires de Champagnes par la Cluse des Hôpitaux. Et encore les territoires de la Viennoise et de la Novalaise sont évacués qu’en 1377.

 

La principauté de Savoie confinait de nouveau avec Lyon non plus au niveau du pont de la Guillotière mais au niveau de la Croix-Rousse et de Cuire et Caluire. La limite avec la principauté se situait au niveau de Caluire. La partie Nord du quartier des Margnoles appartenait à la Savoie comme Sainte-Claire et Vassieux-Crépieux. Le reste de Caluire et Cuire faisait partie de ce qu’on appelle le Franc-Lyonnais, une sorte de territoire indépendant appartenant à l’abbaye d’Ainay. 

Site de Saint-Germain à Ambérieu-en-Bugey avec le château et maisons fortes (photo E. Coux)

Site de Saint-Germain à Ambérieu-en-Bugey avec le château et maisons fortes (photo E. Coux)

Le traité de Paris de 1355 qui fixait la frontière de la Savoie au Nord du Rhône, pouvait donner une réelle ambition pour le comte de Savoie de récupérer tous le territoire de la presqu’île entre le Rhône et la Saône, partie qui était aussi dans les « terres d’Empire ». L’Empereur du Saint Empire Charles IV de Luxembourg n’accepta pas ce traité. D'ailleurs, en 1365, il accorda au Comte Vert le vicariat d'Empire sur un certain nombre d'évêchés dont ceux de Lyon et de Mâcon. Amédée VIII obtint aussi en 1398 de Wenceslas le vicariat perpétuel sur ces évêchés et archevêchés.

 

Les comtes Amédée VI et Amédée VII vont être malgré tout assez discrets dans ces prétentions. Le changement se fera avec Amédée VIII (comte en 1393, duc en 1416-1451). Il profitera de la faiblesse du roi Charles VI (1380-1422) et de l’aide des archevêques de Lyon dont Philippe de Thurey (1389-1415) qui lutta constamment contre les officiers du roi de France pour placer ses pions dans la ville de Lyon.

 

Le changement surtout résidait dans le transfert des foires vers Genève vers 1390 qui faisait de ce lieu un centre économique important et qui changeait les voies commerciales. Lyon devenait donc importante comme étape pour les marchands qui venaient du Sud de la France et de la Catalogne et qui allaient à Genève.

 

Le comte de Savoie avait réussit a affirmer son autorité sur le beaujolais d’Empire déjà en 1383. En 1398, les communautés de Lent, Thoissey et Montmerle prêtent ainsi hommage au comte de Savoie mais le Beaujolais passa en héritage en 1400 au duc de Bourbon qui n’avait pas la moindre envie de prêter l’hommage au comte de Savoie pour ces terres. Pire, il réussit à acquérir une partie des terres du Sire de Villars en 1402 dont Trévoux, Ambérieux-en-Dombes et le Chatelard même si le comte de Savoie réussit lui-aussi à acheter le reste (Loye, Villars-lès-Dombes, Beauregard). Le duc de Bourbon formera ainsi la principauté de la Dombes qui jouxtera la Bresse et le Franc-Lyonnais .

 

L’événement le plus intéressant sous le règne d’Amédée VIII a été la fondation d'un couvent de Célestins à Lyon par ce comte, le 22 février 1407  sous le vocable de Notre-Dame-de-Bonne-nouvelle dans la maison qu'il possédait sur la presque île entre la Saône et le Rhône. La raison du choix de l’Ordre des célestins est assez énigmatique. C'est peut être pour rappeler que c’est dans cette maison qu'a logé le fondateur de l'ordre des Célestins quand il vint à Lyon en 1275, lors du deuxième concile de Lyon, demander au pape l'autorisation de fonder cet ordre. Cette fondation paraît d'autant plus logique que, dans le contexte de l'époque, l'ordre des célestins est à la mode. Le pape Clément VII (Robert de Genève, anti-pape et comte de Genève) lui-même s'était fait enterrer à Avignon après 1394 dans un monastère célestin prestigieux qu'il venait de fonder (la première pierre sera posée par Benoît XIII avec tous les grands ducs de France en 1395).  Clément VII fonda aussi un couvent de cet Ordre à Annecy qui ne vit jamais le jour.

Le théatre des célestins a été construit à la place du couvent des célestins fondé par Amédée VIII en 1407 (photo E. Coux)

Le théatre des célestins a été construit à la place du couvent des célestins fondé par Amédée VIII en 1407 (photo E. Coux)

Il est aussi important de signaler dans ce contexte l'assassinat de Louis d'Orléans leader du parti des Armagnacs quelques mois après la fondation du couvent. Comme le montre son testament, Louis d'Orléans avait une grande piété envers l'ordre des Célestins. Cette piété était aussi un étendard qui montrait clairement son attachement envers le parti du Pape Clément VII. Il fit construire une immense chapelle dans le couvent des célestins à paris entre 1392 et 1394.  Il dirigea ses legs religieux essentiellement vers cet ordre ce qui est curieux pour l'époque ou le saupoudrage était la règle.

 

La présence du célèbre théologien Jean de Gerson dans ce couvent qui venait se réfugier dans ce couvent entre 1419 et 1429 après avoir accusé le duc de Bourgogne de l’assassinat du duc d’Orléans est aussi éclairante. D’autant plus que son frère était le prieur du couvent. Gerson fut un des grands théologiens de la théorie du Conciliarisme, théorie qu'il devait exposer avec succès au concile de Constance entre 1414 et 1418 et qui sera l'idéologie du Concile de Bâle (1431-1449) au cours duquel Amédée VIII deviendra Pape (entre 1439 et 1449). 

 

La fondation de ce couvent dans cette ville est surtout une façon pour le comte de Savoie de s'imposer politiquement à Lyon. Peut être par l'intermédiaire d'un parti-pris clairement Benoîtiste (Benoît XIII succède à Clément VII en tant que Pape d'Avignon opposé au Pape de Rome). C'est aussi et c'est important de le signaler, la première fondation prestigieuse d'Amédée VIII.

 

Cette fondation fut suivit d’offensives dans la Dombes par Amé de Viry à la tête d’une armée de Bourguignon démobilisée. Ces offensives furent à chaque fois suivies de contre offensives jusqu’en 1415 où suite à la défaite française d’Azincourt, le duc de Bourbon fut retenu en captivité par les anglais jusqu’en 1431.

 

La victoire anglaise d’Azincourt laissa le champs libre au comte de Savoie à Lyon d’autant que l’archevêque s’était rendu cette année-là au concile de Constance. Ce fut donc à Lyon que le comte de Savoie laissa l’Empereur Sigismond qui se rendait à Perpignan pour convaincre Benoît XIII de démissionner. Mais cette marque de souveraineté ne dura pas. En 1416, au retour de l’Empereur, l'élévation d'Amédée VIII au rang de duc de Savoie qui devait se faire à Lyon fut reportée, devant les protestations, à Montluel.

 

L'archevêque de Lyon allait revenir en 1418 dans sa ville plus puissant que jamais. Le pape Martin V avait rappelé, lors son élection à la fin du concile de constance, que Lyon était non seulement le siège d'une province ecclésiastique, mais était aussi le siège de la primatie des Gaules. Martin V était alors une créature de l’Empereur Sigismond. Le pouvoir que lui donnait cette primatie a été aussi rappelé lors du concile de Bâle puisqu'en absence de pape, son titre lui permis de se substituer au pape dans l'ensemble de la Primatie.

 

C'est dans ce contexte qu'il faudrait voir la brouille entre l'archevêque et la commune. Celui-ci avait alors ôté les armoiries de la commune sur la porte de Saint Marcel à Lyon. Sa nouvelle puissance l'autorisait de fait à montrer sa souveraineté sur la ville. Il fut aidé en cela par Martin V qui prononça un interdit contre les habitants qui résistaient à l'archevêque

La rue de Savoie se trouve donc près de l'ancien couvent des célestins, fondé à la place de l'hôtel de Savoie (photo E. Coux)

La rue de Savoie se trouve donc près de l'ancien couvent des célestins, fondé à la place de l'hôtel de Savoie (photo E. Coux)

En 1419, le duc de Savoie revendiqua l’héritage du Diois et du Valentinois. Cela faisait craindre une offensive du duc de Savoie sur la ville sous prétexte de rétablir l’Ordre ou d’aider les bourgeois. Cela poussa le roi Charles VI a descendre à Lyon en 1419 pour y affirmer sa suzeraineté.

 

En 1420, sont fondées les foires de Lyon qui vivoteront jusqu'en 1463. La population de la ville de Lyon avait chuté au début du XV e siècle en dessous de 10 000 habitants. Il faut peut être mettre en lien la création de ses foires et la volonté du roi de France de s'attacher les bourgeois de Lyon contre l’archevêque. En 1422, les échevins en avaient alors appelé au roi pour rétablir cette insigne de leur souveraineté dans la ville. Celui-ci les autorisa à le faire. Mais Jean le Viste, lieutenant du bailli de Mâcon avait dans cette affaire pris partie pour l'archevêque. Les échevins portèrent cette affaire devant le parlement alors à Poitiers qui leur donnèrent raison et aussi cassait l'interdit prononcé par Martin V .

 

En 1422 le roi Charles VI mourrait et laissait une situation confuse avec sur le trône Henri VI, roi de France et d’Angleterre, un enfant qu’une partie des nobles ne voulaient pas reconnaître. Le Dauphin Charles (futur Charles VII) prétendit au titre de roi de France et ce fut la guerre. Afin de s’en prémunir et face à aucune souveraineté légitime, suite à des désordres en Bresse, le duc de Savoie prit sous sa protection en 1423 les villes rive droite de la Saône dont Tournus, Mâcon, Charlieu et Trévoux en rive gauche et les occupa militairement. Il se peut qu’il y eu une tentative pour occuper Lyon mais elle dû se heurter à l’opposition d’Humbert de Grolée, fervent armagnac et sénéchal de la ville pour cette faction.

Vue de Pont-de-Veyle qui était une châtellenie savoyarde près de Mâcon et qui dépendait au spirituel du prieuré de Laiz, une dépendance de l'abbaye Saint Martin d'Ainay à Lyon (photo E. Coux)

Vue de Pont-de-Veyle qui était une châtellenie savoyarde près de Mâcon et qui dépendait au spirituel du prieuré de Laiz, une dépendance de l'abbaye Saint Martin d'Ainay à Lyon (photo E. Coux)

Humbert de Grolée défit l’armée bourguignonne-savoyarde à Anthon en 1430. Cela détruit aussi les ambitions savoyardes sur le Diois, le Valentinois et le Dauphiné. Cette année-là, l'archevêque interdit à Lyon de chanter des chants de réjouissance concernant cette bataille. Cet évènement indique une alliance officieuse entre le duc de Savoie, le parti des Bourguignon et l’archevêque de Lyon.

 

Cela n’empêche pas le fils du duc de Savoie, Louis de s’occuper à partir de 1431 de la reconstruction d’une église fastueuse pour le couvent des Célestins qui commence par attirer la bourgeoisie lyonnaise. Il se peut que ayant perdu son protecteur, le pape Martin V, le prélat de Lyon se soit tourné vers le duc de Savoie.

 

Nous retrouvons le seigneur de Viry à Lyon à l'origine de la fondations de deux chapelles en 1433 et 1434 dans l'église des Célestins fondée en 1407 par Amédée VIII : la chapelle de la « Grande Dame » et la chapelle des onze mille vierges (Viry avait été celui qui tenta d'envahir la Dombes en 1408). Dans cette chapelle, qui avait sûrement deux travées, Viry finança la voûte d'une des travées et les vitraux d'une des fenêtres avec les images de Saint-Jean et Saint-Maurice (patron de la Savoie) .

 

C'est aussi en 1434 que Louis de Savoie prend le titre de Lieutenant général du duché et qu'Amédée VIII rentre dans son ermitage de Ripaille et fonde l'ordre chevaleresque de Saint Maurice. Le vitrail de Viry est d'ailleurs assez éloquent puisqu'en associant les images de Saint Jean et Saint Maurice, il associe de fait Lyon à la Maison de Savoie ou plutôt la cathédrale de Lyon représenté par l'archevêché et le duc de Savoie. L'archevêque de Lyon d'ailleurs semble assez favorable à la Savoie et sera un partisan motivé du concile de Bâle. Il deviendra d'ailleurs un cardinal de la papauté de Félix V dès 1440

Essai de reconstitution du couvent des célestins à Lyon

Essai de reconstitution du couvent des célestins à Lyon

Les relations entre la Maison de Savoie et le pape Eugène étaient encore cordiales puisque l'église des Célestins obtint du Pape en 1434 « le chef de Sainr Acace » comme relique. Ce qui donna un prestige supplémentaire à ce couvent, outil d’attractivité de la part du duc de Savoie.

 

Cette année, les ducs de Savoie et de Bourgogne s'allient contre le nouveau duc de Bourbon qui refuse certains hommages au duc de Bourgogne. La guerre se porta sur Belleville sur Saône et sur Mâcon. Ce n’était donc pas surprenant de voir qu'en 1434, le roi Charles VII faisait une entrée solennelle dans la ville de Lyon pour affermir sa souveraineté. Les relations entre la France et la Savoie se dégradèrent en toute logique subitement, dès 1435. Certains châteaux en Bresse avaient été d'ailleurs renforcés après cette date. D’ailleurs le traité d'Arras, signé sans le duc de Savoie, fin 1435, fit évanouir tout avantages territoriaux .

 

Cependant, le nouveau sénéchal en février 1435 (jusqu’en 1458) et gouverneur de Lyon est Théodore de Valpergue (qui vient d'une famille des comtes du Canavais dans le Piémont). C'est un fidèle de Charles de Bourbon et du roi de France bien que sa famille soit originaire de terre où le duc de Savoie est suzerain.

 

 

 

De l’apogée des foires de Lyon au traité de Lyon en 1601

L’essor des foires de Lyon à partir de 1463 vont donner un regain d’intérêt à la ville. Les ducs de Savoie vont de nouveau s’intéresser à cette ville même si elle est tenue fermement par le roi de France et même si ces foires concurrencent celles de Genève.

 

La route qui vient de Genève, passe par la Valbonne pour rejoindre les pentes de la Croix-Rousse devient un axe très important depuis 1446, date où le roi de France oblige ses marchands à passer par Lyon pour rejoindre les foires de Genève. Après 1463, cette route sera utilisée aussi par les marchands Allemands se rendant à Lyon. C’est à cette époque que se développent les bourgs sur son axe comme Pérouges qui reconstruit son église en 1484 et surtout Montluel qui devient rapidement une grosse ville du duché de Savoie.

 

Évidemment, dans ce cadre, la presque île de Lyon, la Croix-Rousse et le Franc Lyonnais deviennent un enjeu. Le couvent des célestins de Lyon, lieu de leur représentativité de la Maison de Savoie, renforça son rôle et devint une nécropole-bis en accueillant les cœurs des ducs défunts Louis et Philibert 1er

église de Pérouge, construite en 1484 (photo E. Coux)

église de Pérouge, construite en 1484 (photo E. Coux)

Le roi de France de son côté, en 1475, profita d’un moment de faiblesse de la duchesse douairière Yolande de Valois pour faire main-basse sur le Franc-Lyonnais, un petit territoire entre Neuville-sur-Saône et Cuire qui était disputé entre le duc de Bourbon, le duc de Savoie et le roi de France.

 

Le duc de Savoie Philibert 1er ne se laissa pas abattre et envisagea de faire de l’étang des Echets au dessus de Montluel un de ses principaux haras, premier pas pour construire un palais et s’imposer dans cette région. Ce projet a été reprit ensuite par le duc Charles III en 1513 mais fut empêché devant l’opposition du parti pro-français lyonnais.

 

Les ducs de Savoie feront aussi du château de Chazey-sur-Ain, une de leur résidence préférée. De Chazey, il est facile d’aller à Lyon, soit par voie terrestre par Montluel, mais surtout aussi par voie fluviale en empruntant l’Ain et le Rhône. L’enjeu est évidemment aussi l’axe fluvial entre Seyssel et Lyon qui est navigable.

 

Mais l’essor de ces foires ne fut pas si linéaire que ça. En 1484, sous la pression notamment des Narbonnais et des habitants d'Aigues-Morte, le roi de France Charles VIII, qui avait d'abord autorisé ces foires à son avènement en 1483 sous les mêmes conditions que son prédécesseur, les supprima. Les foires furent transférées à Bourges pour un délais de cinq ans. Paris voulait aussi avoir ses foires. Cela mécontenta les Lyonnais et les marchands Allemands et Italiens qui ne voulaient pas faire le trajet jusqu'à Bourges. Cela redonna aussi de la vigueur aux foires de Genève. En 1486, deux foires par an furent aussi proclamées à Troye. Au même moment, Philippe de Savoie, déjà comte de Bresse, devient gouverneur de Lyon de 1486 à 1491.

Duché de Savoie au XVe siècle

Duché de Savoie au XVe siècle

Néanmoins, les foires furent rétablies à Lyon en 1489 après plusieurs années de luttes acharnées, mais avec deux foires au lieu de quatre. L'économie des foires ne reprit qu'en 1492/93 et péniblement à cause du fait qu'il n'y ait que deux foires. Les quatre foires furent rétablies seulement en 1494. Pourtant, dès 1487, les foires de changes de Lyon prennent le pas sur celles de Genève. Depuis cette date, Lyon devient une grande puissance financière Européenne .

 

Louis XII confirma les quatre foires à son avènement en 1498. Les liens se resserrent lors des guerres d'Italie surtout avec les marchands italiens des villes alliées de la France (Florentins et Lucquois). C'est plus problématique avec les Génois qui sont proche du duc de Savoie. Ceux-ci obtiennent une totale liberté quand Gênes est placée sous domination française : de 1501 à 1511 sous Louis XII et de 1515 à 1522 sous François 1er. Cela devient par contre problématique entre ces périodes où ils subissent les avatars nés des difficiles rapports entre le roi de France et Gênes.

 

De ce fait, en 1512, les Génois doivent tenir leur foire de Changes à Montluel, ville savoyarde frontalière avec Lyon. Il est curieux que la même année, le duc de Savoir Charles III reprend l'idée du duc Philibert 1er de construire un haras aux Echets à Miribel. Il fait construire un plus grand collecteur d'eau et assèche définitivement les étangs. Le fourrage sera cependant de mauvaise qualité.

 

Cette année fut un revirement pour les armées françaises. En juin 1512, elles sont battues en Lombardie par la Sainte Ligue formée de l'Espagne, des états pontificaux, des Suisses, et de l'Angleterre. En 1513, grâce à Marguerite d'Autriche, elles sont aussi battues à Calais repris par les Anglais.

 

En 1514, les financiers génois se font expulser de Lyon; Certains se font même arrêter pour n'avoir pas respecté cette interdiction et en 1515, les foires de change se tiennent à Chambéry, capitale de la Savoie. 

Ruines du Château de Montluel dans l'ancien bailliage de la Valbonne (photo E. Coux)

Ruines du Château de Montluel dans l'ancien bailliage de la Valbonne (photo E. Coux)

Après 1528, Gênes allait basculer dans la sphère d'influence Espagnole. La situation des génois devenait entre plus précaire à Lyon. En plus, deux crises ponctuent le Lyon du début du XVIe siècle : la « grande Rebeyne de 1529 et la grande famine de 1531.

 

Puis, les foires de change sont transférées à Chambéry en 1531. Elle vont y rester jusqu'en 1535 où, sous la menace d'une invasion de la Savoie par le roi de France, elles sont ensuite transférées à Besançon. Cependant, les génois ne se plaisaient pas dans la cité comtoise. De ce fait, ils ont cherché à retrouver leur siège de Chambéry sans y parvenir. La Savoie est occupée de 1536 à 1559.

 

Le duc de Savoie Emmanuel-Philibert lors de ses offensives pour reconquérir le duché de Savoie fomenta une invasion du côté de la Bresse qui devait faire diversion avec celle qui a mené à la victoire de Saint Quentin en 1557. Cette invasion devait se faire en concomitance avec la révolte des villes de Bourg-en-Bresse et Lyon.

 

L’appel à une révolte des Lyonnais peut se comprendre par le nombre important de savoyards dans cette ville. Lyon était déjà une des premières destinations d’émigration des savoyards. Cela peut se comprendre par son voisinage (la Savoie est déjà dans les faubourgs de la ville), par le fait que c’était un centre économique qui avait prit la succession de Genève, mais surtout par le fait que Lyon était une ville qui partageait avec la Savoie la même langue arpitane, franco-provençale ou romande.

 

Le duc de Savoie Emmanuel-Philibert qui avait été gouverneur des Pays-Bas, était aussi lucide sur l’état économique de la ville qui était alors en crise. Les circuits économiques, grâce aux grandes découvertes, s’étaient reportés sur la façade atlantique. Les foires de Lyon et de Genève étaient en pleine crises, celles de Genève l’étaient déjà avant 1536. Elles allaient disparaître définitivement en 1555. A Lyon, une crise religieuse prendra le pas sur la crise économique entre 1562 et 1567. Après être redevenue catholique, Lyon va encore jouer un rôle important dans les guerres de religion, mais du côté catholique.

 

Le fils de Jacques de Savoie-Nemours, Charles Emmanuel fut nommé gouverneur du Lyonnais en 1588  par Henri III qui voulait donner des gages au duc de Guise (chef du parti catholique) juste avant de le faire assassiner. Charles Emmanuel est en effet le frère utérin du duc de Guise Henri. Mais à sa mort, il est déchu de ses fonctions. La ville de Lyon se range pourtant du côté de la ligue et l'accueille comme gouverneur. Il se bat pour la ligue et en 1591, il tente de rendre son gouvernement du lyonnais, indépendant de la France. 

Lyon, immeuble du XVI/XVII e siècle dans la rue Mercière qui était la rue centrale dans la presqu'île (photo E. Coux)

Lyon, immeuble du XVI/XVII e siècle dans la rue Mercière qui était la rue centrale dans la presqu'île (photo E. Coux)

Le duc de Savoie Emmanuel-Philibert qui avait été gouverneur des Pays-Bas, était aussi lucide sur l’état économique de la ville qui était alors en crise. Les circuits économiques, grâce aux grandes découvertes, s’étaient reportés sur la façade atlantique. Les foires de Lyon et de Genève étaient en pleine crises, celles de Genève l’étaient déjà avant 1536. Elles allaient disparaître définitivement en 1555. A Lyon, une crise religieuse prendra le pas sur la crise économique entre 1562 et 1567. Après être redevenue catholique, Lyon va encore jouer un rôle important dans les guerres de religion, mais du côté catholique.

 

Le fils de Jacques de Savoie-Nemours, Charles Emmanuel fut nommé gouverneur du Lyonnais en 1588  par Henri III qui voulait donner des gages au duc de Guise (chef du parti catholique) juste avant de le faire assassiner. Charles Emmanuel est en effet le frère utérin du duc de Guise Henri. Mais à sa mort, il est déchu de ses fonctions. La ville de Lyon se range pourtant du côté de la ligue et l'accueille comme gouverneur. Il se bat pour la ligue et en 1591, il tente de rendre son gouvernement du lyonnais, indépendant de la France. 

 

Son objectif était cependant plus vaste. Le duc de Savoie Charles Emmanuel 1er avait envahit le Marquisat de Saluces en 1988 et la Provence. L’objectif pour le duc était de devenir roi des Allobroges ou de Bourgogne. Le frère de Charles Emmanuel de Savoie-Nemours, Henri, lui, essayait de s’emparer du Dauphiné.

 

L'abjuration d'Henri IV en 1593 compliqua ses vues et renforça le parti opposé. Il fut de nouveau arrêté et l'élite politique partisane de la ligue a été remplacée par une élite en faveur du nouveau roi de France. En 1595, le nouveau roi de France rentra dans Lyon et Charles Emmanuel se retira à Annecy. L’invasion de la Provence par le duc de Savoir tourna aussi court. 

façade de la cathédrale de Lyon (photo E. Coux) Jacques de Beaujeu qui a réalisé cette façade sera consulté pour construire la Sainte chapelle de Chambéry en 1409

façade de la cathédrale de Lyon (photo E. Coux) Jacques de Beaujeu qui a réalisé cette façade sera consulté pour construire la Sainte chapelle de Chambéry en 1409

La proximité de la Bresse avec la ville de Lyon était donc une menace constante pour cette ville. François 1er l’avait déjà fortifié grâce à de grosses dépenses. L’annexion de la Bresse en 1601 était surtout une façon de créer un glacis autour de la ville et d’enlever une menace savoyarde ou habsbourgeoise permanente.

 

Il faut aussi penser que si Lyon était une petite ville au début du XV e siècle (probablement moins de 10 000 habitants), sa population avait ensuite augmenté de manière importante. Les terres de la Bresse étaient donc nécessaire pour nourrir cette population. Le risque que le duc de Savoie ferme sa frontière aux importations était donc inenvisageable. Il se peut aussi que l’arrivée de la culture du maïs en Bresse dans ces années là aient été aussi un des éléments qui a contribué à ce rattachement (soit la peur de cette nouvelle céréale, soit au contraire l’envie de s’accaparer cette ressource)

 

Le traité de 1601 va avoir comme conséquence à moyen terme, de déplacer la route de Chambéry à Lyon en privilégiant définitivement l’itinéraire par Pont-de-Beauvoisin au détriment de celui par la cluse des Hôpitaux. Le duc Charles Emmanuel II dans la deuxième moitié du XVII e siècle, rend l’itinéraire Pont-de-Beauvoisin/Chambéry carrossable en aménageant le défilé des échelles et en construisant des ponts comme celui de Saint Charles à Cognin détruit en 1944.

défilé des échelles et monument à la gloire du duc Charles Emmanuel II. Nous retrouvons ce monument dans une des gravures du "theatrum sabaudiae" (photo E. Coux)

défilé des échelles et monument à la gloire du duc Charles Emmanuel II. Nous retrouvons ce monument dans une des gravures du "theatrum sabaudiae" (photo E. Coux)

Au Niveau religieux

Au niveau religieux, une grande partie du diocèse de Lyon se tenait sur le territoire du duc de Savoie, en Bresse, mais aussi dans le Bugey avec les archiprêtrés de Bagé, de Treffort, d’Ambronay, en Dombes avec une partie de l’archiprêtré de Sandrans et de Chalamont et dans le Velin avec celui de Meyzieux. La Bresse deviendra seulement un diocèse indépendant entre 1515 et 1516 puis entre 1521 et 1534 avec la formation d’un nouvel évêché à Bourg-en-Bresse.

 

Le diocèse de Lyon englobait même le territoire de l’abbaye de Saint Claude dans le Jura. Les liens entre cette abbaye et la ville de Lyon étaient anciens puisque le fondateur de cette abbaye, Romain, avait fait ses études et son noviciat à Lyon. Les abbés de Saint Claude avait même une place parmi le chapitre de Lyon. Il étaient donc aussi « comtes de Lyon ».

 

Le chapitre de Lyon était un des organes qui prétendaient avoir la souveraineté sur la ville de Lyon. Dans ce chapitre se constituera un parti savoyards assez puissants au XIII e siècle puisqu’il faillit mettre en place comme archevêque Guillaume de Savoie fils du comte Thomas 1er.

 

Les ducs de Savoie avaient aussi une place d’honneur parmi les chanoines de Lyon en tant que seigneurs ou comtes de Villars. Cette place d’honneurs leur fut refusée par le chapitre de Lyon après 1601 ; après qu’ils eut perdu le comté de Villars mais surtout suite aux pressions du roi de France

 

Le monastère d’Ainay avait aussi une grande importance pour la Maison de Savoie. Il possédait aussi l’église paroissiale de Saint-Michel-d’Ainay toute proche, disparu au XVII e siècle et fondée par une reine burgonde au V e siècle. C’est aussi une autre reine, la reine douairière Ermengarde qui cèda sa propriété de Lémenc, sur les hauteurs de Chambéry, avec son église aux moines d’Ainay pour qu’ils fondent un prieuré en 1029. L’église de Lémenc sera aussi pendant longtemps, la seule église paroissiale de Chambéry. Néanmoins, la Maison de Savoie essayera ensuite de faire transférer ses droits paroissiaux à la Sainte Chapelle au XV e siècle puis de les supprimer en les remplaçant par des feuillant en 1619. 

Prieuré de Lémenc à Chambéry qui dépendait de l'abbaye d'Ainay à Lyon (photo E. Coux)

Prieuré de Lémenc à Chambéry qui dépendait de l'abbaye d'Ainay à Lyon (photo E. Coux)

L’évêque de Genève Guy de Faucigny implantera les moines d’Ainay dans le vieux monastère de Saint-Jean-hors-les-murs à Genève en 1107. En 1136, Aymon de Faucigny décida de les implanter sur ses terres du Chablais en fondant le prieuré de Bellevaux. Ainay possédait aussi un prieuré qui était à l’origine de la bourgade de Saint-Symphorien-d’Ozon. ainsi que le prieuré de Laiz près de Pont-de-Veyle (Ain) qui était une châtellenie savoyarde depuis 1272 près de Mâcon. Laiz était le siège de la paroisse de Pont-de-Veyle.

 

Les moines d’Ainay étaient aussi les propriétaires de Cuire et d’une partie de Caluire en Franc-Lyonnais, un petit territoire entre Lyon, la Bresse et la Dombes. Ils y construiront un château pour y affirmer leur suzeraineté. Le 4 des Nones de décembre 1448, le pape Félix V qui était Amédée VIII de Savoie confirma toutes les possessions de l’abbaye, signe de la bonne entente entre ce monastère et la Maison de Savoie.

 

Un autre monastère va avoir une certaine importance pour la Savoie, le monastère bénédictin féminin de Saint Pierre situé sur l’actuelle place des Terreaux. Il était très ancien (Ve ou VI e siècle) très riche et jouissait d’un grand prestige . Seule les dames de noblesses anciennes y avaient accès. Il ne dépendait pas de l’évêque mais uniquement du Pape jusqu’en 1637 ce qui lui donnait une puissance redoutable.

 

Si ce monastère eut des abbesses des Maisons de Forez et de Beaujeu, à partir de 1173, il va avoir des abbesses savoyardes ce qui va à la fois consolider l’implantation du comte de Savoie dans cette ville, mais aussi dans les environs de Lyon grâce à une série d’implantations . Il avait 14 prieurés, quatre étaient complètement dépendants : ceux de Vénissieux, Dolomieu, Morancé (Rhône près d’Anse) et Mionnay (Isère près de Loyette). Dix autres avaient un rapport plus lâche : ceux de Charpieu, Dessines-Arandon, Saint Priest, Guérins, Cézerieux, Villebois, Izieux, Saint Symphorien-en-Abron (Allier), Chambale (?) et Vernas (Ain, Dombes). L’abbaye avait aussi le contrôle total sur l’église de Saint Saturnin à Lyon devenue paroissiale en 1173 (paroisse qui gérait le territoire autour des terreaux et du faubourg de la Croix-Rousse.

 

Ce monastère entra donc en conflit assez durement avec les archevêques de Lyon au XV e siècle et notamment avec François de Rohan dès 1503. Il exigea une réforme très sévère qui confisquait en réalité tous les pouvoirs de ce couvent. Ce que les religieuses en toute logique refusèrent. L’archevêque eu l’appui du roi de France qui était entré en conflit avec le Pape en 1511 et surtout d’Anne de Bretagne qui en 1514, prit les choses en main. La résistance fut cassée en transférant l’abbesse et les religieuses les plus récalcitrantes dans d’autres couvents en 1516. Il ne restait plus dans le monastère que deux sœurs et treize novices qui elles aussi résistaient toujours. Une des rares religieuses qui était restée fut Antoinette de Groslée. Une histoire de fantôme s’ensuivit qui fut réglée par un exorcisme en règle par Adrien de Montalembert, aumônier de François 1er. Cette histoire eut pour but d’amener les religieuses à l’observance de leur nouvelle règle et peut être aussi à les effrayer des thèses du luthéranisme. 

vue de l'abbaye Saint Pierre reconstruite au milieu du XVII e siècle. La façade principale donne sur la place des Terreaux (photo E. Coux)

vue de l'abbaye Saint Pierre reconstruite au milieu du XVII e siècle. La façade principale donne sur la place des Terreaux (photo E. Coux)

Ce conflit ne finira qu’en 1637, date où l’abbaye passera sous la dépendance de l’archevêque et où les abbesses seront nommées par le roi de France. L’abbaye, devenue « Abbaye royale » fut ensuite reconstruite complètement après 1650 et devint un des symboles de la souveraineté des rois de France à Lyon.

 

Les collégiales furent aussi des instruments politiques. Elles se situaient plutôt rive droite de la Saône comme la collégiale de Saint Paul. La collégiales de Saint Just fut accaparé par l’archevêque de Lyon, celle de Fourvière représentaient les chanoines de la cathédrale de Lyon. La collégiale de Saint Nizier, seule collégiales située sur la presque île, à un des endroits les plus stratégique de la ville, va être accaparée par le roi de France à partir du XIV e siècle.

 

Les couvents mendiants eux, se situaient tous sur la presque île (sauf les clarisses). Si l’église des franciscains représentaient l’église des commerçants et artisans de Lyon, l’église dominicains de Confort devint après 1463, l’église principale des Florentins. Les génois, eux, eurent comme église celle des Carmes. Le couvent des Ermites-de-Saint-Augustin fut fondé à l’époque de l’évêque Pierre II de Savoie. On ne sait pas ce que représente ensuite politiquement ce couvent mais il est « francisé » en 1506 par l’archevêque François de Rohan. Louis XII finira lamentablement son concile de Pise dans ce couvent en 1511. 

 

Pierre de Savoie consacra aussi l’église des franciscains en 1322 et fonda un couvent de clarisses. Il se peut donc que cet évêque ait voulu s’appuyer politiquement sur les Ordres mendiants notamment pour concurrencer l'église Saint Nizier du roi de France et proposer une autre offre religieuse à la bourgeoisie lyonnaise. Enfin, Amédée VIII fonda le couvent des célestins en 1407.

 

En 1492, Jean Bourgeois, un célèbre prédicateur de l’Ordre des franciscains de l’Observance convainc le roi de France Charles VIII de fonder un couvent de l’Observance franciscaine qui le sera à Vaise. Jean Bourgeois avait été à l’origine proche de la famille ducale de Savoie et à l’origine de nombreuses fondations comme celles de Myans, Chambéry, Moutiers, Cluses et Pont-de-Vaux. La fondation de Lyon est sa dernière fondation. 

couvent des franciscains de l'Observance aujourd'hui détruit qui était près de Vaise

couvent des franciscains de l'Observance aujourd'hui détruit qui était près de Vaise

En effet, Charles VIII est le fils de Charlotte de Savoie et le petit fils du duc Louis. Il hérite de fait de la dévotion franciscaine de sa famille maternelle. Ses liens familiaux vont le porter à s’approprier la dévotion pour le monastères des Célestins qui deviendra de fait, moins savoyard.

 

Lyon attira aussi prioritairement les fondations savoyardes. Le couvent des visitandines, Ordre fondé par Saint François de Sales, est la deuxième maison de cet Ordre en 1615, 5 ans après celle d’Annecy. La ville accueillera aussi les Bernardines en 1631, 9 ans après la fondation de cet Ordre par le mère de Ballon à Rumilly . Ces couvents furent placés d’abord sur la Croix rousse, comme le second couvent des Capucins, construit en 1622 et financé par la reine de France Anne d’Autriche. La ville possédait un premier couvent de capucin. C’est d’ailleurs dans ce couvent que vint le père Chérubin de Maurienne pour aider Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours à la conquête de la ville en 1591 avant d’aller à Annecy puis dans le Chablais au côté de Saint François de Sales.

 

Donc loin d’être neutre, chaque église, couvent, collégiale avait une couleur politique et était dans ce jeu un instrument plus ou moins stratégique. Néanmoins, des études plus poussées de ces relations politico-religieuses serait intéressantes.

 

 

la population : Lyon, une ville privilégiée pour l’émigration savoyarde

Lyon de part son rôle de chef lieu politique, économique et religieux fut toujours un lieu d’attraction pour les savoyards. La ville bénéficiait de sa proximité avec la Savoie mais surtout faisait partie de la même communauté linguistique. 

Carte de la diffusion de la langue arpitane ou Romande. Liyon = Lyon

Carte de la diffusion de la langue arpitane ou Romande. Liyon = Lyon

Évidemment l’essor des foires de Lyon et les liens commerciaux avec les villes de Genève, Chambéry , Turin, Bourg-en-Bresse, Montluel, Pont-de-Vaux, Chieri, Asti, vont amener dans la ville un nombre important d’immigrés savoyards de toutes classes sociales mais surtout des plus défavorisées qui vont s’agglutiner dans les faubourgs de la Guillotière et de la Croix-Rousse.

 

Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Philibert envisage de soulever la ville en 1557. La situation est souvent explosive au niveau social. Ce n’est pas étonnant non plus que c’est à Lyon que nous retrouvons le plus grand nombre de pamphlets politiques en arpitan aussi bien en faveur du duc de Savoie que contre, notamment au début du XVII e siècle lors des guerres entre Henri IV et Charles Emmanuel 1er.

 

Même après la cession de la Bresse, du Bugey et du Pays de Gex, Lyon continue d’être une ville attractive pour les savoyards. Il y a des liens qui perdurent notamment entre les anciens immigrants qui se sont intégrés et les nouveaux qui bénéficient de ces réseaux  .

 

Mais l’immigration va être beaucoup plus importante au XIX e siècle avec le développement à la fois de la population mais aussi de l’industrie (et notamment de l’industrie de la soie).

 

La liaison avec Lyon est facilité grâce au Rhône qui permet une voie navigable depuis le lac du Bourget. L’utilisation du Rhône est ancienne. Les comtes puis ducs de Savoie l’utilisaient déjà. L’Empereur Sigismond l’a emprunté en 1415 de Seyssel à Lyon. En 1837, le premier bateau à vapeur fait la liaison entre Lyon et le Lac du Bourget et l’année suivante, la « compagnie savoyarde de navigation » créa un service qui deviendra régulier en 1845. En 1855, par le Rhône, il ne faut que 11 heures pour faire Aix-les-Bains / Lyon. Ce moyen de transport atteindra son apogée en 1858 avant d’être surpassé par le train, plus rapide 

 

Lyon, ville ouvrière, va surtout devenir un creuset pour les nouvelles idées socialistes. Le socialisme qui se développe n’est pourtant pas celui de Marx. Il est plutôt adapté au mode de production qui est encore « pré-industriel ». Il servira de base aux idées marxistes mais surtout aux idées anarchistes. C’est à Lyon que seront créé les drapeaux rouges des communistes et les drapeaux noirs des anarchistes. C’est aussi une ville où les émeutes éclatent assez facilement comme en 1831, 1834, 1848 et 1870 . En 1848, les « voraces » mènent même une expédition à Chambéry (sans résultat). Les idées socialistes lyonnaises se propagent aussi dans les villages et les villes de Savoie.

Montée de la Croix-Rousse (photo E. Coux)

Montée de la Croix-Rousse (photo E. Coux)

Il est remarquable de voir qu’il ne fut pas prévu fin 1850 de liaison directe au niveau ferroviaire entre Lyon et Chambéry. La ligne de Train passant par Ambérieu et la Cluse des Hôpitaux, Culoz et Aix-les Bains avant de se rendre à Chambéry. De même il n’est pas prévu de ligne directe Annecy-Genève. Ce n’est qu’en 1880 que fut entreprit la ligne Lyon-Chambéry par Saint-André-le-Gaz. Et encore elle n’est qu’à une voie.

 

Après 1870, le conservatisme catholique reprendra de la vigueur avec de nouvelles congrégations comme les Maristes et la Sainte Famille. Elle est menée aussi avec les Chartreux qui réactivent les sanctuaires de Savoie et font le lien entre Lyon, la chartreuse de Porte, Chignin et Saint-Jean-de-Maurienne

 

La population savoyarde restera nombreuse à Lyon comme en témoigne la revue «l’Echos des Savoie », un hebdomadaire qui est publié à Lyon de 1921-1956 . Le siège du journal est Lyon et cet hebdomadaire se vend sur les Savoie et à Lyon. Il y aura 182 numéros (dernier en 1956). Dans ce journal, nous trouvons « tous ce qui intéresse la Savoie hormis la politique ».

 

Ce n’est qu’en 1972, à la création de la région Rhône-Alpes que fut réalisé une liaison autoroutière entre Lyon et Chambéry (A 43) complétant la RN6 (finie en 1974). Elle fut complétée entre 1991 et 2000 par la liaison avec l’Italie. Dans les années 1990, il fut aussi envisagé de faire une nouvelle liaison ferroviaire rapide entre Lyon-Turin avec un arrêt à Chambéry. 

Le château de Fallavier se voit de l'A43 (photo E. Coux)

Le château de Fallavier se voit de l'A43 (photo E. Coux)

Conclusion :

Les liens de la Savoie avec Lyon sont très anciens. Ils apparaissent à l’époque Burgonde où Lyon devient une des capitales de ce royaume avec Genève et se poursuivront sous les Rodolphiens puis sous les Empereurs du Saint Empire romain germanique.

 

Cependant cette ville va devenir très fidèle au Pape qui va s’en servir pour contrôler l’Europe. Les deux conciles de Lyon vont montrer à la fois la puissance mais aussi la volonté d’hégémonie du Pape sur l’Europe. Si l’Empereur est détruit en 1251, le roi de France, lui, prendra ses précautions et annihilera la puissance du Pape en prenant la ville de Lyon et en détruisant les templiers en 1312.

 

Les comtes de Savoie étaient eux aussi installés à Lyon et dans le Lyonnais depuis très longtemps. Thomas 1er disposait déjà d’une demeure à Lyon près de la cathédrale Saint Jean et de terres dans le Velin à Saint Symphorien-d’Ozon et Feyzin.

 

Au niveau religieux, il se peut que l’abbaye d’Ainay ait joué un rôle non négligeable dans le développement de la Maison de Savoie puisqu’on retrouve ses prieurés à Saint Symphorien d’Ozon, mais surtout à Chambéry que Thomas achète en 1232. On retrouve aussi l’abbaye à Genève et dans le Chablais où elle est proche d’alliés de la Maison de Savoie comme les Faucigny.

 

La presque île où se trouve cette abbaye semble devenir au XIII e siècle, le lieu privilégié de l’expansion de la ville et de son dynamisme économique. Ce n’est donc pas pour rien qu’Amédée V achète vers 1314 l’ancien temple pour y construire son nouvel hôtel. La presque île entre la Sône et le Rhône confine aussi avec les territoires savoyards du Velin juste de l’autre côté du Rhône en rive gauche (quartier de la Guillotière).

 

La prise en main de la ville par le roi de France Philippe le Bel en 1312 fait suite à un autre échec du comte de Savoie, celui pour contrôler l’axe Chambéry-Lyon. En 1282, la Tour du Pin et Bourgoin entre dans l’orbite delphinal coupant cet axe. Une autre voie sera mise en place par le comte de Savoie pour les marchands Italiens voulant se rendre aux foires de Champagne. Cette voie qui passe par le Bugey et la Bresse (Cluse des Hôpitaux) va éviter Lyon qui entre en déclin.

 

C’est seulement avec les foires de Genève que Lyon redécolle économiquement d’abord comme étape puis comme concurrente et partenaire. Le développement des foires de Lyon va profiter aussi à Chambéry, à Bourg-en-Bresse, mais aussi à des localités plus petites comme Montluel, Pont-de-Vaux ou Pérouges.

vue de Pérouges (photo E. Coux)

vue de Pérouges (photo E. Coux)

D’ailleurs, l’église de la Madeleine à Pérouges et les magnifiques fenêtres à meneaux de ses habitations témoignent du succès économique de l’importance de ce commerce entre Genève et Lyon. De même la ville de Montluel avec sa collégiale de Notre-Dame-des-Marais et son centre historique. Lyon, conserve aussi le second patrimoine architectural urbain d’Europe au niveau du bâti de la fin du moyen-âge et de la renaissance. Surtout dans le quartier Saint Jean. Mais il reste aussi pas mal de vestiges dans la rue Mercière, qui était la rue principale de la Presqu’île.

 

D’autres vestiges confirment la présence de la Maison de Savoie dans le Velin. Parmi ceux-ci, le château de Fallavier qui vient d’être restauré et un reste du palais du comte Philippe 1er à Saint Georges d’Espéranche qui représente peu sa splendeur passée.

 

Au milieu du XV e siècle, la région est en crise. Genève perd ses grandes foires en 1555. Lyon ne survit que grâce au port de Marseille et au marché intérieur français. Les foires de Lyon se nationalisent et se ferment à la Savoie. La perte du Bugey et de la Bresse en 1601 sanctionne cette fermeture.

 

Mais les liens entre Lyon et la Savoie ne se limitent pas à des liens politiques. Lyon a été une des terres principales d’émigration des savoyards favorisée par une communauté de langue. Lyon est la plus grosse ville du parlé Arpitan ou Romand. Et la mutation de la ville en centre industriel au XVIII e siècle va accélérer cette immigration. De ce fait, Lyon va devenir un creuset pour les idées socialistes qui se propageront ensuite dans les montagnes.

 

Aujourd’hui encore, la création de la région Rhône-Alpes en 1972 avec de nouvelles infrastructures comme l’autoroute ont renforcé cette proximité, mais faisant de la Savoie, un arrière pays de la ville. Néanmoins, le développement des relations transfrontalières avec Genève 20 ans après (avec la mise en place des accords bilatéraux UE/Suisse), remit la Savoie au centre des deux métropoles rappelant l’époque des foires de Genève et de Lyon au XV e siècle.

 

Lyon, une ville savoyarde ?
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C
Oui, grand merci à Emmanuel Coux, qui bâtit de magnifiques dossiers historiques à partir du patrimoine. C'est toujours émouvant d'être remis en contact avec l'histoire des lieux, ça les rend vivants, et Emmanuel Coux réalise cela admirablement.
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E
Merci pour ces encouragements
D
Merci à Emmanuel Coux de cet éclairage savoyard sur l'histoire de Lyon. Son analyse est pertinente et me fait considérer sous un autre angle l'histoire de la Capitale des Gaules. Pour ma part, j'avais déjà relevé des connections avec l'Ile Barbe et les moines du Haut Bugey...
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E
effectivement, les monastères de Saint Rambert, Nantua, Saint Claude et Saint Benoit ont une origine lyonnaise. Si elle est certaine pour Saint Claude, Saint Rambert et Saint Benoit, elle est très probable pour Nantua qui est sur a route la plus courte entre Genève et Lyon. Il y a aussi des liens avec Ambronay.