30 Mars 2024
Le Palais de « Venaria Reale » situé au Nord-Est de Turin, justifie bien son nom de Versaille savoyard car c’est un des plus grands palais construits par la dynastie de la Maison de Savoie. D’autant que les travaux commencent entre 1658 et 1659 à une époque d’alliance entre le Duché de Savoie et le royaume de France. C’était aussi une période charnière pour le nouveau du duc de Savoie Charles Emmanuel II. Il avait été majeur en 1648, mais sa mère, Christine de Bourbon, la première Madame Royale avait du mal à lâcher le pouvoir.
La création de ce nouveau palais était donc pour le duc de Savoie, une façon de s’émanciper de sa mère qui disparaîtra néanmoins en 1663. Il allait aussi refléter une époque de collaboration intense au niveau artistique entre le royaume de France et le duché de Savoie, collaboration qui s’exprima aussi dans la musique avec une composition pour le duc de Savoie du célèbre Lully.
Le Palais de Venaria allait se concevoir comme un Palais de Chasse (Venaria était un lieu de chasse ducale depuis 1632) avec un jardin à l’Italienne et un grand bois de 1000 ha, mais aussi comme un bourg-centre industriel.
L'objectif était de faire de la production de textile de haut niveau de qualité avec des moyens technologiques novateurs. Cette politique économique, soutenue par le président des finances de Charles Emmanuel II, Gianbattista Truchi, était une sorte de mercantilisme, copié sur la politique colbertienne.
Si le Palais de Vénaria était le lieu préféré du duc de Savoie, ce fut aussi le chantier le plus important du duché de Savoie au XVII e siècle, d’autant que le château et les jardins vont être remodelés à la fin du XVII e et au début du XVIII e siècle par le souverain suivant, le duc Victor Amédée II de façon à la fois, à satisfaire aux nouvelles modes en Europe, mais aussi à surdimensionner le projet pour lui donner un plus grand rôle ostentatoire.
Le jardin à l’italienne va même être transformé en jardin à la Française, plus à la mode depuis le succès des jardins de Vaux-le-Vicomte et de Versaille en France. Les plans réalisés à Turin furent même envoyés en France pour être corrigés. Plusieurs français ont été ainsi co-concepteurs de ce projet avec l’architecte Michelangelo Garove.
Il y a eu Monsieur du Marne, un collaborateur de l’architecte paysagiste Lenotre, actif à Turin depuis 1697, des membres du cabinet parisien René Carlier, mais aussi Henri Duparc, membre d'une famille de jardiniers actifs au château de Saint-Germain-en-Laye. Ce dernier devient l’intendant des jardins de la Venaria Réale.
Le jardin prendra des dimensions phénoménales. L’axe central passera de 800 m de long à 2,5 km. Sur les 1000 hectares de terres de la propriété, 120 hectares seront prises pour le jardin.
Quand au château, l’architecte sicilien Juvarra remplaça prit Michelangelo Garove à sa mort en 1713 et réalisa entre 1713 et 1728, la Galerie de Diane, la chapelle de Saint Hubert et l’orangerie.
Bien que concurrencé à partir de 1729 par le nouveau Palais de chasse de Stupinigi, les travaux continuèrent avec la réalisation d’un immense manège et d’écuries en 1751 par l’architecte Benedetto Alfieri. Des travaux ont été réalisés jusqu’en 1789 par l’architecte Giuseppe Battista Piacenza.
La Vénaria ne fut abandonnée qu’en 1798 quand Napoléon la transforma en caserne et écurie pour son armée. La Venaria reale a été la plus grande résidence de la Maison de Savoie jamais construite.